samedi 27 février 2016

Québec — Menace sur la liberté d'expression : le projet de loi 59

Texte de Mathieu Bock-Côté sur le projet de loi 59. Une nouvelle loi du cadenas ? Les intertitres sont de nous

Depuis quelques mois, on a cessé de suivre les débats entourant le projet de loi 59, grâce auquel le gouvernement Couillard entend lutter contre les discours haineux.

À tort.

Car nous sommes là devant une menace sans précédent pour la liberté d’expression.

Mais on apprenait il y a quelques jours que la députée du Parti québécois Agnès Maltais pratique contre lui une obstruction systématique. Elle veut nous alerter.

Car sous le couvert de la lutte aux discours haineux, c’est à la liberté d’expression qu’on s’en prend.

Propos haineux, concept vague et liberticide

La ministre de la Justice Stéphanie Vallée (ci-contre), qui porte le projet de loi, prétend l’avoir amélioré. Pourtant, nous sommes toujours devant une proposition catastrophique.

Qu’est-ce qu’un propos haineux ? Quoi qu’en dise le gouvernement, cela demeure terriblement flou. Ce grand flou autorisera toutes les dérives.

En fait, chaque minorité identifiée par la Charte des droits pourra se présenter comme victime de propos haineux.

Sera-t-il encore permis de critiquer l’islam comme religion et l’islamisme comme idéologie ? Sera-t-il permis de dire que certaines communautés culturelles s’intègrent moins bien que d’autres à la société occidentale ?

En fait, chaque minorité identifiée par la Charte des droits pourra se présenter comme victime de propos haineux. Comme d’habitude, ce sont les radicaux de chaque communauté qui décideront s’ils se sentent heurtés et qui militeront pour la censure.

Voyons plus loin. Qu’il s’agisse du souverainiste excité, du fédéraliste enragé, de la féministe radicale, du militant homosexuel sourcilleux ou de l’islamiste, chacun pourra se tourner vers son contradicteur obstiné et l’accuser de propos haineux.

Museler par le bras de l’État les opinions divergentes

Tous ceux qui dérangent l’idéologie dominante ou un groupe trop sensible pourraient le payer très cher. La liberté de critiquer la religion sera muselée.

Cette loi accorderait des pouvoirs exceptionnels à la Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ), qui porte bien mal son nom.

Car pour peu qu’on s’intéresse aux travaux de cette dernière, on constate qu’elle rêve fondamentalement d’une chose : devenir une police politique et trier entre les opinions respectables et celles qui ne le sont pas.

Nous n’avons pas besoin de contrôleurs idéologiques payés à temps plein pour surveiller les propos des uns et des autres.

Donner des droits à la CDPDJ, c’est en enlever aux citoyens.

Islamophobie ?

Martin Lemay, ancien député du Parti québécois de Sainte-Marie–Saint-Jacques, dans un texte paru il y a quelques mois, a parlé de la « loi du cadenas de Philippe Couillard ». La formule était aussi percutante qu’éclatante de vérité.

On s’en souvient, il s’agissait alors, sous le gouvernement Duplessis, au nom de la lutte contre la propagande communiste, de casser les mouvements sociaux progressistes.

Aujourd’hui, la déviance politique a changé de nom. Officiellement, on veut lutter contre l’islamophobie, ce mot fourre-tout qui vise à faire croire que la simple critique de l’islam ou de ses dérives relève de l’agressivité pathologique.

Dans les faits, ce sont les critiques du multiculturalisme et tous ceux pour qui la « diversité » peut poser problème qui sont visés. Au nom de la lutte contre les discriminations, on cherchera à les museler.

Stéphanie Vallée devrait mettre sa loi à la poubelle.

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